La présente communication vise à apporter une contribution sur la réception d’Apolinaire dans les débats christologiques qui ont succédé aux polémiques dans lesquelles lui-même s’était engagé au milieu du IVe siècle.
Mon travail vise principalement à montrer comment Apolinaire a été utilisé et cité dans le débat entre monophysites et nestoriens à partir de deux témoins; Cyrille d’Alexandrie, qui tout en condamnant Apolinaire, dont il décrit la théorie dans ses Dialogues sur l’incarnation du Monogène et Le Christ est un, reprend l’une de ses formules christologiques les plus importantes, croyant la tenir d’Athanase. J’étudierai aussi Théodoret de Cyr, qui cite de nombreux fragments d’Apolinaire dans l’Eranistès, une oeuvre qui s’apparente à des dialogues-florilèges. Ces oeuvres littéraires, bien que de nature très différentes, s’apparentent à des dialogues. Elles ont en commun de passer en revue différentes hétérodoxies qu’elles commentent voire réfutent. Mais dans le cas de Théodoret, des fragments d’Apolinaire sont cités textuellement dans trois florilèges, alors que dans les deux dialogues christologiques de Cyrille, l’apolinarisme est évoqué à de nombreuses reprises sans citations textuelles. Il est intéressant d’examiner la compréhension d’Apolinaire par Théodoret et Cyrille par le fait même que l’un et l’autre soutienne des positions christologiques opposées dans le débat avec Nestorius. Je voudrais voir sur quels points théologiques en débat Apolinaire est cité par ces deux témoins. Sont-ce les mêmes éléments que ceux dont l’accusent les œuvres de controverse anti-apolinarienne du IVe siècle, rédigées par Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse, et le pseudo-Athanase ? Quelle filiation doctrinale Cyrille et Théodoret établissent-ils entre Apolinaire et Eutychès et sa doctrine monophysite ? Cette question est d’autant plus délicate que Théodoret ne nomme jamais Eutychès dans son Eranistès, alors que, semble-t-il, cette œuvre apparaît en 447, au moment de l’apogée de la polémique avec Eutychès (condamné par un synode à Constantinople en 448), après la mort de Cyrille d’Alexandrie (444).
En somme, par ces quelques enquêtes, je chercherai à définir ce qui dans la doctrine apolinarienne a marqué la suite des débats christologiques, afin de rendre compte avec plus de justesse du rôle qu’Apolinaire a eu dans l’histoire des débats doctrinaux de cette époque, trop souvent sous-estimé par la critique.
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