Dans le cadre de recherches sur les interprétations chrétiennes de l'alphabet, je me suis intéressé à l'Opusculum 36 des Opera philosophica minora de Michel Psellos (ed. J. M. Duffy, 1992, p. 120-141), Michel Psellos propose une interprétation originale des vingt-quatre lettres de l'alphabet grec. Il en souligne d'emblée le caractère novateur : « une oeuvre sans pareille, que personne d'autre n'a entreprise, car aucun des plus grands philosophes, autant que je sache, ne s'est lancé dans la quête sur la connaissance cachée des mystères relatifs à ces lettres. » Les lettres possèdent en effet, chacune, un sens, une raison d'être, un mystère, que le philosophe se charge d'élucider. Dans ce but, il passe chaque lettre en revue en révélant son sens dans une perspective à la fois chrétienne et néoplatonicienne : « j'ai tâché de saisir quelle peut bien être la raison d'être de chacune des lettres et comment elle reçoit sa prononciation, et pas seulement cela, mais pourquoi l'une est placée en premier, une autre en second et ainsi de suite, prenant la nature pour guide et recourant, en outre, aux raisonnements philosophiques pour comprendre ces choses. » Par exemple, de la lettre omicron, Psellos écrit qu'« elle est arrondie, circulaire et forme, pour ainsi dire, un cercle géométrique et (...) que tel devient l'intellect qui s'est approché de Dieu et,qui, ayant arraché quelque chose de la beauté de là-bas et de la grandeur indicible, s'enroule sur lui-même, devenu intellect aigu. ». Ainsi, de lettre en lettre, Psellos décrit un cheminement à la fois philosophique et spirituel jusqu'à l'oméga final.
No comments:
Post a Comment